ROWE Michèle - Les enfants du Cap
Pourquoi ce livre ?
Les bandeaux ajoutés par les maisons d'édition ne sont pas vraiment synonymes de bonne foi pour moi et je ne choisis pas mes futures lectures de cette façon ... la plupart du temps ! Il me faut bien avouer que la référence à Deon Meyer a eu, cette fois, raison de ma méfiance atavique pour tout marketing.
La nouvelle grande voix du polar sud-africain ??? Rien que ça !??!? D'accord !
Mais attention car, si je baisse ma garde, il va falloir que ce premier roman de Michèle Rowe soit sacrément à la hauteur. Voilà donc quel était mon état d'esprit en ouvrant "Les enfants du Cap" !
De quoi ça parle ?
Persy Jonas, jeune inspectrice noire issue des townships, est chargée de l’enquête sur un meurtre qui la renvoie à sa propre histoire. C’est donc avec réticence qu’elle accepte de collaborer avec Marge Labuschagne, une psychologue criminelle à la retraite, qu’elle considère comme une incorrigible raciste. Mais Marge a elle aussi quelques raisons de vouloir oublier le passé. Liées par bien plus de choses qu’elles ne le soupçonnent, les deux femmes finiront par comprendre que les plus lourds secrets sont ceux que l’on se cache à soi-même…
Tensions raciales, préjugés, corruption, violence… Avec cette première enquête de Persy Jonas, couronnée par un Debut Dagger Award, Michèle Rowe autopsie la réalité sociale d’une Afrique du Sud post-apartheid qui n’a pas renoncé à ses vieux démons.
Ce que j'ai à en dire après lecture ?
Sur la forme, pas de grande surprise ! C'est un policier classique, ce qui est un avis nullement péjoratif de ma part. Ici, pas de tueurs psychopathes, pas de bains de sang, pas de scènes de torture, Michèle Rowe mise sur le réalisme.
Cependant, l'approche de départ m'a parue un peu facile. Je m'explique.
Vous voyez ces thrillers qui commencent par un événement s'étant déroulé des années auparavant ? De ces quelques pages un peu obscures (personnages sans nom, situation décrite sans trop de détails ...), vous savez que vous allez, à un moment ou à un autre, obtenir des éclaircissements de la part de l'auteur. Et bien, je trouve cela un peu "cliché" !
Dans son premier roman, Michèle Rowe n'a pas évité l'écueil et elle nous amène 20 ans auparavant sur les traces de 3 personnages qui se trouvent dans une situation angoissante. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Autant de questions qui attendront ... Malgré tout, je reconnais à l'auteure le mérite de ne pas avoir abusé d'incessants voyages entre passé et présent, juste quelques réminiscences disséminées dans le récit pour éclairer le lecteur !
Retour au présent, donc.
Un cadavre échoué sur une plage, découvert par une promeneuse ...
Promeneuse, ancienne psychologue criminelle, reconvertie dans la consultation à domicile ...
Une enquête confiée à une jeune inspectrice métisse, issue des townships ("bas-fonds" du Cap) ...
Une animosité immédiate entre la psy et la flic ...
Classique ? Je ne vous l'avais pas caché ! Et bien, tout l'intérêt réside dans la façon dont Michèle Rowe dépasse ce "classicisme" pour nous faire un portrait réaliste de l'Afrique du Sud, pays en pleine mutation économique et sociale.
Pourtant sorti du carcan de l'apartheid depuis plus de 20 ans, ce pays nous apparaît comme englué (prisonnier ?) dans de multiples travers. Discrimination positive, statut des femmes au sein des administrations, enjeux immobiliers, corruptions en tous genres, drogue, criminalité sexuelle, vols ... c'est cette réalité que nous donne à voir l'auteure. Et je ne pense pas qu'elle noircisse le tableau pour servir la fiction !
Saviez-vous que l'Afrique du Sud est le deuxième pays le plus violent au monde, après la Colombie ? Moi, non !
Alors la violence n'oppose plus vraiment les Blancs aux Noirs mais elle touche de plein fouet les laissés pour compte de la croissance économique. Et pour les plus modestes, l'identité ethnique joue toujours un rôle prépondérant dans leur manière de se penser et de penser l'autre.
"L'apartheid était comme un caillou dans la chaussure dont on n'arrive pas à se débarrasser."
Pour conclure cet avis (bien trop long, à mon goût), je dirais que "Les enfants du Cap" est un très bon roman policier qui donne à réfléchir. L'intrigue tient très bien la route, le dénouement final est suffisamment surprenant pour nous tenir jusqu'aux dernières pages, le style est fluide ...
Bref, je pense que nous devrions encore entendre cette "nouvelle voix du polar sud-africain" ! Mais j'attendrais pour ajouter "grande" ... (le bandeau !!!)
Ma note : 16/20
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